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HISTOIRE DE LA GUITARE, LUTH ET VILHUELA
Introduction
L’histoire de la guitare est très peu connue car il existe peu de documents avant le XVème siècle. La guitare serait un instrument très ancien qui a beaucoup évolué donnant naissance à de multiples variantes que l’on retrouve en différents pays et différentes époques. Il est très difficile de faire une généalogie exacte en distinguant ce qui serait guitare de ce qui serait luth. Par convention et pour simplifier, certains classent tous ces instruments dans la famille des luths. La différentiation sera plus nette vers la Renaissance.
Antiquité: En Mésopotamie, et à Babylone plus exactement, on a trouvé des plaques d’argiles datant de 4000 ans, avec des représentations de musiciens jouant d’un instrument ressemblant plus ou moins à une guitare (ou luth) et comptant au moins deux cordes. Les musiciens jouaient en pinçant les cordes avec la main droite.
C’est en Egypte et Rome que l’on découvre les plus anciens instruments proches de la guitare actuelle, et datant d’environ 30av JC à 400 ap JC: instrument en bois, manche avec des frettes, des rosettes sur la table, une forme courbe sur les côtés, un fond plat et une table unis par des éclisses en bois.
On a trouvé aussi différents spécimens en Chine au IIIème et IVème siècle, au Moyen Orient dans un monastère bouddhique d’Ouzbékistan.
Donc avec autant d’éléments diffus géographiquement et aucun document écrit, autre que des gravures, il est difficile de retracer une histoire exacte. En résumé, on peut simplement dire qu’elle serait née au Moyen Orient et aurait voyagé ensuite en Asie et en Europe de l’est, puis en Afrique du Nord et bien sûr en Espagne grâce aux invasions arabes.
Espagne
C’est en Espagne que l’on trouve les plus nombreux documents sur la guitare, principalement vers la fin du Moyen Age (XIII et XIV siècle ) où deux sortes apparaissent :
La guitare latine: caractérisée par des côtés courbes, des cordes en boyau donnant un son doux et jouées au doigt, et un fond plat. C’est la guitare latine qui serait la véritable ancêtre de la guitare moderne. Elle aurait été l’instrument des ménestrels.
La guitare mauresque : qui serait plutôt un luth, de forme ovale, fond bombé, des cordes métalliques qui donnent un son perçant et jouées principalement avec un plectre.
Le roi Alfonso X el Sabio (1221-1284) en jouait, c’était donc un instrument noble, qui avait sa place à la cour.
La guitare servait surtout à accompagner chant et danse, pourtant le roi Alfonse X en jouait et composa ou repris des vieilles mélodies dans les célèbres cantigas de Santa Maria où l’on trouve plus de 300 mélodies ( extrait par N.Yepes )
Vers la fin du Moyen Age, au début de la polyphonie, dans la musique sacrée, on confiait souvent au luth la partie polyphonique des pièces jouées, les musiciens prirent donc conscience des possibilités offertes à leur instrument et se mirent à jouer aux doigts et non plus au plectre. C’est le phénomène le plus marquant et plus important dans l’histoire du luth. On ne sait pas si le luth a conduit à l’harmonie ou si les premières polyphonies l’ont inspiré aux joueurs de luth, mais ce sont eux qui les premiers ont pratiqué la verticalité de la musique en découvrant l’accord. Ce qui est à la base de toute la musique qui va suivre.
Vers la fin du XVème , c’est le luth qui va dominer et devenir le principal instrument polyphonique.
C’est l’Italie qui voit le plus grand essor du luth. C’est à Venise que furent imprimées les premières tablatures en chiffre par un certain Ottaviano Petrucci en 1507 (d’autres tablatures furent inventées vers 1450 par un allemand Konrad Paumann mais elles furent abandonnées en raison de leur complexité). Alors qu’en France c’est la tablature en lettre qui était mise au point.
En Espagne apparaît la vilhuela. (voir photo 1) (voir photo 2)
A cette époque donc, c’est le luth qui apparaît et qui domine dans les pays d’Europe, sauf en Espagne où il est assimilé à l’invasion des Maures et donc mal aimé. Mais les Espagnols appréciaient pourtant la musique jouée au luth ; ils ont donc cherché à jouer cette musique sur un instrument différent. Ils ont pris une guitare à 4 doubles cordes existant déjà à l’époque et ils ont en fait une guitare à 6 doubles cordes de manière à pouvoir jouer les pièces écrites pour luth, et ils l’ont appelé vilhuela.
Parmis les musiciens marquant :
Luis Milan (vers 1490-vers 1561) : vilhueliste, compositeur et écrivain. Il a écrit un livre « Libro de musica de vilhuela de mano intitulado El Maestro » dans le quel figurent les premières tablatures espagnoles. (extrait Fantaisie VIII par Julian Bream)
Luiz de Narvaez : (début XVIème) en 1538 il inaugure les exercices de variations sur un thème : «Guardame las vacas» , (extrait par Narciso Yepes).
Alonso Mudarra chanoine sévillan(vers 1580 -?) édite en 1546 trois livres de musique chiffrée (extrait de « Fantasia que contrahace la harpa » par Julian Bream)
Et le dernier compositeur à écrire pour la vilhuela sera Antonio de Cabezon (1500- ?) organiste et compositeur 1578.
Tablatures : représentation graphique de la musique
La vilhuela se répand aussi en Europe lorsque Charles Quint traverse la France accompagné par ses vilhuelistes dans l’hiver 1539-1540, et quand le fils de François 1er lui même se met à en jouer pour séduire la princesse espagnole, fille de Charles Quint. Même si la guitare est considérée comme secondaire par rapport au luth par les artistes de l’époque, elle gagne quand même une place assez importante, et des poètes comme Ronsard en parlent souvent dans leurs vers. Les musiciens passent facilement de la guitare au luth .
Cette place prépondérante du luth va se poursuivre avec quelques évolutions techniques sous la forme de cordes en plus jusqu’aux environs de 1640, où les goûts musicaux vont se porter vers la musique d’ensemble aux dépens de la musique intimiste.
Illustrations photos : guitares du XVIIème ; guitare battente ; guitare à 5 séries de cordes ; guitare battente Giorgo Sellas ; guitare à 4 cordes ;
guitare Antonio Torres ; luth ; vilhuela 1 ; vilhuela 2
